Présences secrètes
Ce sont d'abord des visions abstraites puis, peu à peu, on découvre des merveilles d'un autre ordre, plus sourdes , plus cachées . Un petit monde qui a son existence propre , en dehors du nôtre .
Rien de spectaculaire mais à y bien regarder , le plus étonnant des spectacles .
Certaines ambiances rappellent des œuvres impressionnistes , expressionnistes ou surréalistes . Que de peintres se sont inspirés de visions de la nature !
« Nous savons, désormais , qu'en tout coin de nature se cache une réserve inépuisable de belles surprises , toujours prête à fournir à notre regard le spectacle dont il sera digne . En nous dévoilant ainsi une " infranature " insoupçonnée, on nous donne de nouveaux prétextes à regarder autour de nous, on nous rattache à notre planète par d'innombrables fils de beauté . Et aussi , quelle leçon de sagesse ! » Jean Rostand
Ces arbres , ces pierres « offrent la clé d'un langage chiffré , des secrets confiés à qui reste longtemps seul en leur compagnie.» Oscar Forel
Ce sont eux qui m'ont fait voir, naître dans le silence , la Vie !
Myriam Wetzstein
"Depuis le Cavalier bleu de Kandinsky, tout le monde a plus ou moins appris à ne plus s’effaroucher de l’art dit abstrait. Dans cet art, né au XXème siècle, le but recherché n’est plus de représenter la nature, de la copier, qu’il s’agisse d’un paysage, d’un objet, d’un corps ou d’un visage… La forme pure, la couleur, leurs assemblages peuvent être beaux. Pour eux-mêmes. Absolument. Cela, Myriam Wetzstein l’a appris de son père, le sculpteur et peintre nancéien Claude Wetzstein. Qui lui a appris également que, par un étrange retournement, la nature elle-même offre à qui sait les regarder, des formes pures.
A preuve, tout près de chez nous, l’extraordinaire Christ en croix du Centre œcuménique de Vars : un tronc d’olivier, juste poli et retourné, tout le dépouillement de l’Homme-Dieu crucifié… Cette quête de son père, Myriam Wetzstein l’a faite sienne, à l’issue de sa carrière de professeur d’arts plastiques, d’intervenante sur FR3 et de partenaire de la DRAC de Lorraine.
Avec la complicité- de son appareil photo, elle lit aujourd’hui, entre autres choses, les épidermes de l’arbre. Elle cherche la bonne distance et le cadrage pour laisser advenir l’image, surprenante et forte, de la rencontre, toujours inattendue, voire inouïe, de natures mortes abstraites.
Pas plus qu’il n’y a d’âme sans corps, tout l’arbre n’est-il pas déjà donné dans l’écorce ?
Si tout le monde peut faire des photos d’écorces, seuls de véritables artistes sont à même de nous montrer sur un platane les formes et les couleurs d’un Maurice de Vlaminck, sur le poli d’une planche teintée d’humidité l’évanescence d’un Yves Tanguy et toute une « gloire » baroque idéale à fleur de tronc
Mais le plus simple est encore d’écouter Myriam Wetzstein :
"J’aime quand notre imaginaire et notre mémoire nous jouent des tours, j’aime que l’on croie voir quelque chose et qu’en réalité ce soit autre chose…Les peintures abstraites font parfois penser à tel ou tel élément de la nature ; mes photos, au contraire, font penser à des peintures abstraites."
L’un et l’autre sont vrais."
Bernard Busser écrivain et commissaire de l’exposition "l’âme du bois" à Ceillac ( 05 ) Juillet Août 2015